Quel bonheur de remonter au Soreiller ! Après une année compliquée suite aux événements de La Bérarde, retrouver ce lieu mythique et l’accueil toujours parfait de Marielle et Quentin au refuge fait un bien fou.
Et nous avons une excellente nouvelle : « La Petite Main », cette voie historique en 7b / 6c obligatoire juste au-dessus du refuge sur l’aiguille Dibona , a reçu le coup de jeune qu’elle méritait le 15 août 2025
Le Contexte : Un vestige des années 80
Ouverte dans les années 80 « au tamponnoir », la voie était équipée de spits de spéléologie de 8mm. Autant dire que les points étaient non seulement rouillés, mais, comme on dit poliment, « bien espacés » ! Un rééquipement complet était nécessaire pour que cette ligne, sur un rocher superbe, redevienne une belle option à la demi-journée pour les grimpeurs de 7.
escalade techniqueCheyenne qui percehissage de sacnouveau goujon en dessous d’un vieux spit
Le Chantier : 1 jour, 2 grimpeurs, 60 points !
C’est Laurent Thévenot et Cheyenne Muon qui se sont attelés à cette mission commando en août 2025.
L’objectif : tout rééquiper en une seule journée.
Les chiffres clés du chantier :
Durée : 1 journée
Longueurs rééquipées : 5
Points posés : 60
Relais chaînés (pour la descente) : 5
Purge : Quelques petites prises
L’anecdote du rééquipement : « Tu ne te vacheras PAS là-dessus ! »
Laurent et Cheyenne nous racontent leur journée, qui n’a pas été de tout repos. Attaque à 6h du matin, avec une stratégie dictée par la méfiance :
« On attaque du bas. Le premier grimpe la longueur, se fait peur sur les vieux points…. fixe les cordes. Le second remonte sur corde et rééquipe. »
Mais la vraie aventure, c’était aux relais : « Vu l’état des points au relais, on prend le temps de hisser le perfo, mettre un nouveau relais, puis redescendre au pied de la longueur pour rééquiper. Pas très efficace, mais hors de question de fixer nos cordes sur deux vieux points et de travailler dessus pendant 1h.«
Une méthode qui en dit long sur l’état de l’équipement !
Pour Cheyenne, c’était une journée de baptême : remonter sur corde, percer, enfoncer, expanser, démonter les vieux points… « Le coup de main est vite pris ! »
L’anecdote (bis) : Le runout de 12 mètres
L’équipe a décidé de réduire l’engagement et l’exposition pour rendre la voie plus accessible. Il faut dire que l’équipement d’origine était… aéré.
« Parfois, les points sont loin. Très loin. Après 10 min de recherche, on trouvera le premier point de L4, 12 mètres au-dessus du relais….«
Imaginez le « vol » potentiel !
Le Résultat : Une nouvelle classique en 7b ?
À 15h, le dernier relais était en place. Après la descente en 5 rappels dans la voie (maintenant équipée pour !) et un petit tour en moulinette dans L2 pour confirmer la cotation, la mission était accomplie.
Le résultat est une superbe voie de 5 longueurs, 180 mètres, avec un 7b max et 6c obligatoire, sur un rocher vraiment superbe.
Topo « Petite Main » (Version 2025)
Voici le topo mis à jour, que vous retrouverez aussi dans le cahier du refuge :
L1 (5b – 35m) : Commune avec Les Savoyards. 3 Friends moyens utiles pour éviter trop d’engagement.
L2 (7b – 40m) : Partir 10 m tout droit (commun Les Savoyards) puis partir à droite. On recroise Les Savoyards après 15m. Fin raide, sur petites prises. Super rocher.
L3 (6c – 30m) : Dans l’axe. Magnifiques fissures. (3 pitons en place).
L4 (7a – 30m) : Partir en ascendance à gauche sur 10 mètres (facile) puis mur raide et technique sur petites prises. Longueur continue. (1 piton en place).
L5 (6c – 35m) : En ascendance à droite, puis ascendance gauche pour rejoindre Les Savoyards sur les 10 derniers mètres. (4 pitons en place).
Descente : En 5 rappels dans la voie.
Mission accomplie ! Une de moins sur la liste, une bonne bière au refuge, et déjà l’occasion de se projeter dans le prochain projet.
Un immense merci à Laurent et Cheyenne pour ce travail rapide et efficace, et merci à Marielle et Quentin pour leur accueil inconditionnel au Soreiller !
vieux spit rouillé
(informations des rééquipeurs, reprises et rédigées par Ludivine Poncelet)
Rééquipement durant les étés 2024 et 2025 par Thomas Bailet, Harold Bruce, Guillaume Drouard et Adrien Nayrat
Les amateurs de grandes voies historiques et dures seront contents d’apprendre que la voie Le Poing Du Paria a été rééquipée.
Contexte
La voie a été équipée en 1989 Par Philippe Pellet et JMC sur spit de 8mm. Bien qu’étant encore en bon état, il était temps de rééquiper la voie sur des goujons de 10mm. On remercie JMC et Philippe Pellet pour avoir ouvert cette ligne. Ainsi que les rééquipeurs : la marche est longue et le matériel lourd ! On remercie toujours l’éducation nationale pour ses loisirs infinis, ses métiers… ah non, ça, c’était JMC.
Quelques chiffres
Nombre de jours de rééquipement : 5
Nombre de points posés : 94
Nombre de longueurs rééquipées : 10
Récit
Eté 2024
Le rééquipement a commencé en 2024 avec Thomas Baillet et Adrien Nayrat.
En 2024, ONOS a communiqué sur les projets de rééquipements. Thomas et Adrien ont répondu à cet appel et c’est ainsi qu’ONOS les met en relation pour le rééquipement du Poing du Paria au Vallon de la Moulette.
Ca tombe bien, Adrien avait déjà grimpé dans le coin et avait fait la voie Ayla, du même ouvreur : Philippe Pellet
On ne trouve que très peu d’information sur le Poing du Paria, juste la description dans le topo Cambon qui avait participé à l’ouverture avec une superbe photo de la L3 lors de l’ouverture et un commentaire de la plume de JMC sur son prétendu niveau modeste. Elle a été ouverte en 1989 et faisait partie des premières voies ED+ du Briançonnais.
C’est avec cette description et un récit d’une ascension sur un site Italien (merci google traduction) qu’on se lance dans le rééquipement. Cette voie est intimidante, par son niveau, l’approche qui est longue et l’équipement inconnu. Ainsi qu’une sorte de mystère vu le peu d’information disponible. On mesure ainsi ce que c’est de se lancer dans une voie avec juste le topo, comme on faisait avant internet.
Lors du premier rééquipement, nous avions pu gravir et rééquiper les 4 premières longueurs. La première annonce la couleur et on reconnaît le même style que Ayla. Bonne surprise, l’équipement est très sain. Adrien ne s’est pas privé de le tester dans le 6c et le 7A+ ! Cette dernière est impressionnante : par son style, la qualité du rocher, les mouvements et l’équipement. C’est du sérieux !
La longueur clé, 7A+ d’époque
Ainsi, on a « staté » les 3 premières longueurs avec les 100m de corde statique. Découverte des « fractio », perçage des premiers points et on retire les anciens spit de 8mm. Une petite surprise en découvrant que c’est une vis de 1cm qui assurait les chutes !
Spit de 8mm, super good enough
Le rééquipement va prendre tout son sens. Par chance, ONOS met à disposition une charte de rééquipement qui comprend ce paragraphe :
Cette charte propose quelques consignes pour le rééquipement des voies approuvées par le comité de pilotage dans le double objectif de : Respecter le cheminement et l’engagement des itinéraires ou la volonté de modification des ouvreurs, tout en favorisant le parcours des voies dans de bonnes conditions de sécurité.
A l’image des peintres qui restaurent des tableaux. Comment retoucher un tableau sans changer l’œuvre et respecter son auteur ?
Ainsi, il faut veiller à :
Faire un équipement assurant la sécurité : un point de renvoi pas trop loin du relais, éviter les passages exposés
S’assurer qu’on ne rend pas un clippage ou un pas plus difficile. C’est pour ça qu’il est important que celui qui va placer les points grimpe la longueur et garde en mémoire le cheminement, le placement pour clipper.
Conserver l’engagement et l’esprit de la voie
Les points historiques étaient très bien placés, il était même difficile de devoir repercer à un endroit différent du point originel. Il aurait été facile de rajouter des points par-ci, par là. Les répétiteurs ne se seraient rendu compte probablement de rien. Mais grimper la voie avec l’équipement original est presque un privilège. On mesure à quel point la tâche était difficile et que le jeune JMC n’était pas si modeste qu’il ne voulait nous le faire croire ! Il y a vraiment des passages où on s’est demandé comment ils avaient pu placer tel point : « c’est tout lisse, rien pour mettre un crochet ! » Le mystère reste entier.
La voie Ayla ayant été rééquipée par son auteur (Philippe Pellet) en 2009, sans modification, en conservant son caractère initial. On a choisi de faire pareil. Ainsi, les passages engagés le sont restés. Les rares points qui ont été rajoutés étaient pour éviter l’exposition : points de renvoi, passage dans du rocher délité…
Non sans mal, on a pu rééquiper les 4 premières longueurs en 2024.
Eté 2025
En 2025, une nouvelle équipe a été formée avec Harold Bruce, Guillaume Drouard et Adrien. Harold et Guillaume avaient participé à des rééquipements. Guillaume sera aussi notre M. Topo puisqu’il contribue largement à la rédaction des topos Cambon. Ainsi, il a une bonne connaissance du terrain.
On rassemble le matériel pour faire la suite : 90 goujons et plaquettes, plaquettes avec anneaux soudés pour les relais, écrous nilstop. Tout en inox pour la postérité.
Ferraille à porter, tout inox
Postérité, c’est aussi le mot qui vient en tête quand on perce un point. Il faut vraiment réaliser que le point qu’on place, sera là pour plusieurs décennies. Un seul point mal placé et beaucoup de grimpeurs s’en souviendront et vos oreilles siffleront.
Rebelote, approche par le col de Granon et ses deux grosses heures d’approche avec des sacs chargés de ferrailles, perfo, marteaux, batteries (il va en falloir, le caillou est dur). Harold grimpe les premières longueurs, il sera notre leader et confirme le rééquipement des premières longueurs.
Harold au départ de L3
L’intérêt de démarrer par le bas est que ça nous permettait de prendre la température de la voie : connaître le style, comment elle avait été ouverte, quel était l’engagement. Ca a été primordial pour la suite, pour décider de rajouter un point ou non.
Nous reprenons l’ascension à R4, là où nous nous étions arrêtés l’an dernier. Harold s’élance dans la longueur suivante et… c’est l’averse. Elle était annoncée, mais nous avions été joueurs. Le projet était calé, nous étions prêts : l’envie était trop forte pour renoncer.
Décidément, le Poing du Paria avait décidé de ne pas se laisser faire. Sur le coup, c’était plutôt le But des Parias ! Ni le perfo, ni les batteries n’étaient en inox et ne pratiquant pas l’aqua-climbing, on avait prévu le coup : On a laissé tout le matériel dans la paroi dans un sac étanche. On reviendra !
Le But des Parias
Le lendemain, plus léger, mais pas trop, on décide d’accéder par là-haut. La connaissance du terrain par Guillaume a été primordiale. On crapahute, imagine ce que c’était quand les « anciens » sont arrivés par le bas lors des premières ascensions. On a retrouvé un ancien piton vraiment d’époque. Guillaume identifie le gendarme caractéristique, on finit par trouver le relai non sans mal et c’est parti pour les rappels.
On arrive au 7b+/A0, un qui perce, l’autre qui place le point et récupère l’ancien.
Harold grimpe les longueurs suivantes, nous suivront tant bien que mal avec perfo, batteries pour l’un et nouveaux / anciens points pour l’autre. « Non mais là, 6b+ cette longueur ? Guillaume, il faudra mettre 6b+ / 7c obligatoire ! ». On termine L8 à l’obscurité, rappels dans la nuit : ils sont beaux ces relais tout neufs, c’est bien, on va pouvoir savoir s’ils tiennent et s’ils sont bien placés !. 22H30, on arrive au sol. Et c’est parti pour la marche retour. Au parking à 1H !
Bilan, 4 longueurs rééquipées, 40 goujons posés, 3 anneaux soudés. Autant de ferraille descendue. Il faudra revenir pour les deux dernières longueurs.
Enfin, Harold et Adrien ont pu terminer l’équipement le 8 Août. Accès par le haut plus facile, les deux longueurs n’ont été qu’une formalité.
Ambiance chill au Vallon de la Moulette !
C’est ainsi que s’est achevé le rééquipement du Poing du Paria. Beaucoup de marche, de sueur, des batteries vidées (pas que celles des perfo!) et des goujons posés !
Harold en haut, Adrien en second, un planeur dans le ciel.Spits agés de 36 ans, merci à eux
Topo
Avis aux répétiteurs, l’engagement initial a été conservé, l’escalade est exigeante et les cotations d’époque ne ressemblent en rien aux cotations modernes. Après concertation, on pense que la cotation obligatoire est autour de 7A/7A+.
Le tracé est resté conforme au topo.
Pour les rappels :
rp1 : Descente depuis R10 vers la gauche vers R9
rp2 : Vers la droite sur un relais isolé
rp3 : Vers la gauche sur R6
rp4 : Dans l’axe vers R5
rp5 : Ne pas s’arrêter au relais de R4 et aller à R3
rp6 : De R3 à R2
rp7 : R2 jusqu’au sol
Have Fun !
Ce rééquipement a été possible grâce à ONOS qui est financé en partie par la vente des topos et les adhésions/dons.
Chers amis grimpeurs et soutiens de l’association ONOS,
Nous avons le plaisir de vous annoncer le récent rééquipement de la « voie Davin » à l’Aiguillette du Lauzet, dans le secteur de l’Oisans Est. Ces travaux ont été menés par Ludovic Imberdis les 4 et 5 août 2025.
Contexte et Objectifs du Rééquipement
Le rééquipement de cette voie était devenu nécessaire. En effet, un débat existait au sein de la communauté, notamment sur Camptocamp, concernant la réalité de la cotation équipement (P1) et le niveau d’exposition de l’itinéraire. Cette interrogation était également présente dans le topo ONOS, qui indiquait une cotation **.
L’objectif était donc de clarifier l’engagement tout en respectant le caractère historique de la voie, conformément à la charte de l’association.
Les Travaux en Chiffres
Le chantier a été réalisé en 2 jourspar Ludovic Imberdis.
Voici les chiffres clés de cette intervention :
Nombre de points posés : 30.
Nombre de relais posés : 0. (Note : les relais existants ont été renforcés ).
Longueurs rééquipées : Toutes les longueurs ont été partiellement rééquipées, à l’exception de la dernière. Il s’agit d’un itinéraire de type B, ce qui signifie que l’ensemble des points n’a pas été changé.
Purge : Une purge a été effectuée, mais elle est restée très limitée en raison de la période et de la forte fréquentation du secteur.
Philosophie du Rééquipement
Le rééquipement de la voie Davin a été une affaire de « bonne intelligence ». Ludovic Imberdis explique :
« Dans les discussions avec Yves du CA on avait décidé de rester sur du semi-TA mais sur le terrain cela n’avait pas vraiment de sens (équipement trop éloigné du P1, mais pas assez pour du P2 pur et en plus terrain comme souvent, soit pourri soit compact). »
De plus, l’ensemble de la voie s’est révélé relativement patiné. La décision a donc été prise de « <<< protéger >>> les grimpeurs tout en gardant l’engagement d’un itinéraire historique et montagne ».
Concrètement, cela s’est traduit par :
La protection de l’approche.
La protection et le renforcement des relais.
Le rapprochement de certains points là où c’était nécessaire.
L’équipement léger de l’accès depuis la traversée du « relais de parcours santé ».
Topo Détaillé après Travaux
Voici le descriptif des 8 longueurs de la voie:
L1 (IV+25 m 4g) : Cheminée raide. Relais sur 2g reliés.
L2 (IV+15 m 3g) : Cheminée, puis vire à droite pour trouver le relai. Ne pas suivre le piton dans l’axe (variante plus difficile et exposée). Relais sur 2g reliés.
L3 (IV 30 m 5g) : Mur à droite, puis couloir herbeux facile vers la gauche. Relai sur 2g reliés.
L4 (IV 20 m 1p 3g) : Petit mur dalleux pour rejoindre une niche à droite. Relais sur 2g reliés.
L5 (IV+25 m 5g) : Cheminée raide, puis plus facile. Prendre à droite à l’embranchement, relais au fond de la niche, à droite sur 2g.
L6 (IV+15 m 2g) : Traversée à droite, puis mur raide.
L7 (V- 25 m 8g) : Cheminée très raide, patinée au départ, relais légèrement sur la droite sur 2g reliés.
L8 (IV 35 m 6g) : Tirer à gauche vers la vire Davin, puis prendre la cheminée la plus à gauche, relais à gauche sur un replat en sortie (2g non reliés).
La petite anecdote du rééquipeur
Ludovic partage une anecdote qui rappelle l’importance d’un bon topo : « J’ai trouvé l’accès paumatoire avec le descriptif de camptocamp. Ayant oublié ma belle photocopie du topo ONOS à la voiture, et après avoir erré dans la face un moment, j’ai passé un paquet de coup de fil pour trouver un alpiniste ou un grimpeur qui soit chez lui en cette saison !!!! Tache difficile, mais Ovidiu qui préfère la glace et le mixte traînait heureusement chez lui ! »