Amis grimpeurs,

Nous avons d’excellentes nouvelles en provenance de la Tête d’Aval (Oisans Est) ! La mythique « Voie des Dijonnais » a fait l’objet d’un important « rafraîchissement » en 2024. Ce rééquipement s’est déroulé sur 11 jours au total, lors des dates suivantes : 20/07, 30/09, 1/10, 3/10, 4/10, 11/10, 13/10, 15/10 et 25/10.

Ce chantier a été mené par Arnaud Guillaume dans le cadre d’un stage « Héritage Ouvreur » de la FFCAM. Il a été solidement épaulé par une belle équipe composée de Thibault De Gournay, Aloïs GAULD, Pierrick KELLER, Lionel GEHIN et Johan BATTISTINI.

Un immense merci à eux pour le travail accompli ! L’association ONOS a fourni les points (goujons inox) nécessaires à ce projet, et nous remercions aussi chaleureusement Marion, Hidde et Hugo pour leur aide précieuse lors du portage du matériel.

Présentation

La voie des Dijonnais fut ouverte en 1973 par Jean-Marc Boivin, Jean-Michel Cambon, Patrick Jeannot et Gérard Pétrignet avec une poignée de pitons. Le rapport d’origine mentionne 11 pitons (relais compris) pour les 10 longueurs originales, et 9 goujons ainsi que 14 pitons pour la partie Desmaison.

L’idée de revoir l’équipement de cette voie fut émise par JMC dans son topo ONOS livre Est édition 1995. Dans l’édition de 2011 il revenait sur ce rééquipement en émettant l’idée de ne la rééquiper que partiellement en y favorisant le placement de protections naturelles grâce à un nettoyage conséquent. Il eut du flair en écrivant en gras dans son topo que cela représenterait un vraiment gros travail !

L’anecdote du rééquipeur

Le travail n’a pas été de tout repos ! Arnaud Guillaume raconte : « C’est en cours, après un faux départ le premier week-end suite à une chute de pierres, nous y sommes retournés 2 semaines après. Sur les deux jours (début août), nous avons remplacé les goujons qui étaient déjà en place dans la partie commune avec la voie Desmaison par des goujons inox et rééquipé la première longueur originale des Dijonnais (donc L5 depuis le bas). On a fixé jusqu’au R5. Il va y avoir un gros travail de nettoyage des fissures… »

La météo d’octobre s’est avérée « assez calamiteuse », demandant une sacrée organisation pour protéger le matériel resté en paroi en plus du travail de nettoyage/rééquipement.

Le chantier en chiffres

  • Nombre de jours de rééquipement : 11
  • Nombre de longueurs rééquipées : 18 (sur les 19 que compte l’itinéraire final)
  • Points posés par l’équipe : 64 goujons et 9 pitons
  • Purge : Oui, les blocs les plus inquiétants et les passages délités ont été purgés.

Style et philosophie du rééquipement

Cette voie d’un niveau modéré (5+/6a) est restée en mode « terrain d’aventure » ou « traditionnel » malgré la présence de goujons. L’idée générale était de la rendre « praticable » par plus de cordées qu’une simple poignée de solides grimpeurs/alpinistes.

Nous avons donc :

  • Fait des relais sûrs, le plus souvent sur 2 goujons.
  • Remplacé les mauvais pitons par de bons pitons ou des goujons.
  • Remplacé les 12 goujons déjà présents par des inoxs.
  • Rendu « acceptables » certaines parties exposées en rajoutant des points (notamment dans L5, L8, L11, L12, L14).
  • Nettoyé dièdres et fissures de l’herbe et de la terre pour permettre l’utilisation des Friends et câblés.
  • Parfois modifié l’itinéraire pour favoriser des parties plus esthétiques/logiques.

Au final, nous trouvons dans la voie 63 goujons et 26 pitons pour 19 longueurs et 20 relais, soit une moyenne de 2 à 3 points par longueur.

Attention : Malgré un nettoyage conséquent, il conviendra de se méfier de quelques sections en rocher douteux. Les trois premières longueurs se situant dans une zone d’écoulement d’eau, on trouvera très certainement pierres et blocs posés de-ci de-là notamment après de fortes pluies.

Échappatoire : Pas d’échappatoire pour cette voie ! La grande diagonale du départ empêche tout retour dès le R2 (sinon rappel de 85 m ou désescalade de L2). « L’échappée » depuis le petit pilier (R11) mentionnée dans le topo nous a semblé scabreuse…

Cette voie s’adresse à des grimpeurs maitrisant la pose de Friends et coinceurs en terrain calcaire, ainsi que l’escalade en terrain non aseptisé et sachant ne pas tomber au mauvais endroit ! Quelques passages sont restés engagés…

Matériel : Prendre un jeu de cablés, un jeu de Friends du 0 au 3 en doublant du 0,4 au 0,75, une 180 cm, des 120 cm et pas mal de 60 cm.

Topo détaillé (Automne 2024)

Approche : Identique à toutes les voies de la tête d’Aval jusqu’au secteur « Racaille le rouge ». Poursuivre le chemin quelques minutes et au niveau d’un gros bloc surmonté d’un gros cairn, prendre la sente plus ou moins marquée amenant au pied de la voie. Se référer au topo ONOS livre Est.

Départ : Le départ se fait dans l’axe de la diagonale caractéristique dominée par une grande grotte. Bâton planté dans une fissure au départ, piton et goujon invisibles.

  • L1 : partir dans des rochers rouges et passer un surplomb (1 piton, crux) pour rejoindre une niche (1 goujon). Continuer droit au-dessus et au niveau d’une fissure surplombante avec arbuste, traverser à gauche sur une petite plateforme pour rejoindre un mur à strates. Après avoir clippé 1 piton, repartir à droite pour rejoindre une dépression. Remonter une arête couchée d’abord le long d’un gros bloc puis en rive droite d’un pierrier suspendu (1 goujon) pour rejoindre le R1 sur 2 goujons, 40 m, 5+.
  • L2 : droit au-dessus ou léger droite pour protéger dans une écaille et rejoindre 1 goujon visible. Continuer au-dessus à gauche pour passer un angle et arriver dans une niche. Franchir le mur déversant au-dessus puis un dièdre (1 piton) pour rejoindre le relais dans une niche sous un pierrier. R2 sur 2 goujons. 45 m 4+.
  • L3 : remonter le pierrier sur 10 m puis partir à gauche sous un mur fissuré. Poursuivre ensuite droit (1 goujon pour l’itinéraire) pour rejoindre le relais soit par un petit dièdre à gauche soit droit. R3 sur 1 piton et 1 goujon au pied d’un beau dièdre blanchâtre. 40 m, marche puis 3.
  • L4 : rejoindre ce dièdre et au niveau d’1 goujon bien visible, se rétablir à droite sur une plateforme. Remonter au-dessus un petit dièdre (1 piton au départ) puis traverser à droite sous le toit qui fait suite. Continuer ensuite droit (1 piton) pour rejoindre un arbuste (cordelette). De ce point partir à droite pour rejoindre le R4 des Dijonnais sur 2 goujons. 40 m, 6a. La voie Desmaison quant à elle part sur la gauche à partir de l’arbuste (goujon visible).
  • L5 : traverser horizontalement à droite (1 goujon de renvoi), se rétablir sur une marche (1 piton) puis partir en dalle vers la gauche (engagé) pour rejoindre la marche au-dessus (ne pas essayer depuis le piton de rejoindre directement les goujons). Un passage en dalle (2 goujons) puis une traversée technique à gauche permet de franchir une dalle (1 goujon) et d’arriver dans une zone plus facile. Rejoindre le dièdre (1 piton) et le remonter pour faire le R5a à 40 m sur 2 goujons sous un toit (inconfortable mais protégé) ou le R5b (sur 1 goujon et 1 piton) à 50 m sur une plateforme après avoir passé le surplomb par la gauche dans des fissures déversantes. 40 ou 50 m suivant le relais 6a+.
  • L6 : du R5b, remonter une zone facile (1 lunule) puis remonter le dièdre évident en faisant un crochet à gauche. Poursuivre droit (1 piton) jusqu’au R6 sur 2 goujons sous un surplomb pourri. 35 m et 5+ ou 45 m et 5+/6a suivant le relais de départ.
  • L7 : remonter toujours le dièdre (départ délité) d’abord peu raide (1 piton) puis nettement déversant en passant par des blocs coincés (1 goujon et 1 lunule). R7 sur 2 goujons. 35 m, 5+.
  • L8 : remonter une zone facile mais délitée vers la droite pour rejoindre le R8 sur 2 goujons. Il est envisageable de venir directement du R6. 10/12 m, 3c.
  • L9 : monter en oblique à droite sur des écailles encombrées de buissons pour rejoindre un petit dièdre déversant (1 piton avec cordelette). Le remonter puis légèrement à gauche un autre mini dièdre (écailles douteuses) pour rejoindre le pied d’une dalle à gauche d’un grand dièdre. On rejoint ici la L12 de la voie du Pierrot que l’on suit jusqu’au relais (3 goujons). R9 sur 2 goujons. 45 m, 5. La longueur originale des Dijonnais passe dans la dépression à gauche mais des traces d’éboulement et du rocher toxique nous ont incités à contourner cette section en empruntant une section de la voie du Pierrot.
  • L10 : traverser vers la gauche par des passages en dalle pour rejoindre le fond de la dépression que l’on remonte (1 goujon, engagé). R10 sur 2 goujons en sortie à droite. 40 m, 4+.
  • L11 : traverser un couloir pour rejoindre 1 gros bloc sanglé, poursuivre main gauche à flanc vers 1 goujon puis passer l’angle pour remonter un couloir facile encombré de pierrailles (1 autre goujon). R11 sur 2 goujons. 45 m, 3 puis 2.
  • L12 : remonter l’arête délitée au-dessus en contournant la partie basse par la gauche et poursuivre par un petit pilier entre deux fissures herbeuses (3 goujons). R12 sur 2 goujons au pied de la grande dalle surmontée d’un grand surplomb formant arche. 40 m, 5.
  • L13 : monter droit quelques mètres puis traverser à l’horizontal à gauche puis en légère ascendance pour finir presque en descente, 6 goujons, 1 piton. R13 sur 1 goujon et 1 piton dans une niche. 40 m, 5+ puis 6b. À l’origine cette longueur remontait des fissures au-dessus du R11 puis revenait dans la dalle grâce à un pendule. On notera l’ascension de cette longueur sans le pendule par la cordée Ben Chanal et Jean Burgun et aussi sans goujon !!
  • L14 : monter au-dessus puis traverser quelques mètres à gauche pour rejoindre un dièdre surplombant au départ (1 goujon et 1 piton) que l’on remonte jusqu’à un autre passage raide (1 piton). Poursuivre jusqu’au R14 sur 2 goujons dans l’axe du dièdre. 45 m, 6a.
  • L15 : monter au-dessus (1 piton) puis traverser à gauche au niveau d’1 goujon pour rejoindre un petit dièdre que l’on remonte. À son sommet, traverser à nouveau à gauche pour rejoindre le dièdre original que l’on remonte (2 pitons et 1 goujon). R15 sur 2 goujons sur une marche, sous un surplomb. 40 m, 6a.
  • L16 : partir à gauche par un passage délicat, poursuivre légèrement à gauche en passant près d’un gros bloc et ainsi rejoindre la ligne de la Desmaison (1 piton). Continuer dans une fissure/écaille raide d’où l’on s’échappe à droite pour rejoindre une dépression que l’on remonte jusqu’au pied d’un dièdre caractéristique. R16 sur 1 piton et 1 goujon. 30 m, 5+.
  • L17 : rejoindre le surplomb et le franchir (1 piton et 1 goujon). Poursuivre dans le dièdre/cheminée et en sortir à droite à la fin (1 piton). On débouche sur des terrasses, faire le R17 sur 2 goujons dans le mur à droite du dièdre suivant. 40 m, 5/5+.
  • L18 : remonter le dièdre/couloir à gauche du relais par son fond (rocher moyen). Dans le haut, sortir de l’axe principal du dièdre en poursuivant dans un couloir herbeux qui s’incurve vers la droite. R18 sur 1 piton et 1 goujon dans une niche au pied d’un surplomb. 50 m, 4.
  • L19 : franchir ce surplomb et poursuivre vers la droite (1 goujon, mauvais rocher) pour arriver au pied d’une petite tour. La remonter (1 piton doublé d’une lunule) puis à son sommet, éviter un gros bloc posé pour remonter une fissure délicate (1 piton, rocher moyen). Un dernier crochet à gauche pour éviter une partie délitée amène sur une large vire marquant la fin de la voie. R19 sur des gros blocs. 30 m, 5/5+.

Descente : Remonter derrière la deuxième petite tour pour faire un rappel de 15 m (cordelettes visibles depuis la sortie de la voie) menant sur la vire à hauteur de la sortie de la voie. Une fois sur cette vire, 1 goujon avec mousqueton permet de faire un rappel de 20 m évitant ainsi une zone raide, instable et très exposée (éboulement récent). Cette partie peut s’éviter en contournant le gros ressaut au-dessus ; mur de 40 m en 3 à la montée jusqu’à un collet puis désescalade en 2, (voir topo). Des vires plus larges mais raides d’abord à l’horizontal, permettent de rejoindre une rampe rocheuse ascendante à gauche menant à proximité du col séparant les têtes d’Aval et d’Amont. On peut soit rejoindre ce col puis le chemin de descente (70/80 m de dénivelé à remonter dans du terrain raide) soit descendre un petit couloir pour rejoindre une petite cuvette évidente. Marcher ensuite assez longuement à flanc (pierres instables) pour rejoindre le sentier vers 2550 m.

Topo par Arnaud Guillaume, Automne 2024