Rééquipement du Pilier Sud-Est de la Tête de Ferrand

Voie ouverte en 1970 par deux membres du CAF de La Mure, Jean-Paul Froment et Henri Desmoulins, très peu parcourue par la suite car l’équipement en place est quasi inexistant et l’engagement très fort. Le rééquipement de cette voie en aout et septembre 2022 par Pascal HUSS, Coralie BALME, Yves DI MARCO, Pascal DEBROSSE, Guilhem BARNEIX, Pierre SALLE, Dorian TAVERNA et Hervé GALLEY réduit considérablement l’engagement.

Le film…

Le récit !

Le rééquipement de cette voie est née de l’envie de 3 jeunes du CAF de la Mure de s’essayer à l’exercice du rééquipement et de la motivation de notre équipeur hyperactif Pascal Huss. Pascal, jamais à court d’idées, nous propose ce projet. Il nous donne l’eau à la bouche, car ce pilier est esthétique et sa première ascension est l’œuvre de 3 membres du club, il y a plus de 50 ans.

Après les démarches administratives menées de main de maitre par Pascal, nous sommes au départ du Désert en Valjouffrey au mois d’août 2022 pour aller découvrir cette voie. Après 3 heures de marche nous sommes enfin au sommet. La marche d’approche est à elle seule un superbe voyage.

La reconnaissance peut enfin commencer, les infos que nous avons sont maigres et les repérages aux jumelles nous aident assez peu sur la première partie. Après 3 rappels, nous prenons pied sur l’immense vire herbeuse. La suite se corse, l’objectif est de rejoindre, par environ 25 m de rappel, une vire confortable…

La première tentative aboutit à une remontée sur corde, la seconde semble plus productive car notre chef ne remonte pas. Tout le monde le rejoint, mais la surprise est grande, la vire tant attendue est si petite qu’il nous a fallu la débarrasser des pierres qui l’encombre pour pouvoir y tenir assis à deux.

Nous ne sommes toujours pas au bon endroit, Yves part alors en éclaireur dans la suite pour voir. Il découvre une zone plus accueillante à l’aplomb de la zone observée aux jumelles. Une fois l’équipe rassemblée en zone sûre, nous découvrons un des rares vestiges de l’ouverture : un piton est planté au-dessus du surplomb. La suite de la descente est beaucoup plus logique, nous descendons en équipant les futurs relais des longueurs. Et après 13 rappels dans la future voie nous rentrons. 

Après ce gros travail, nous y retournons 2 fois pour équiper, purger et grimper les longueurs jusqu’à la grande vire. Lors de ces visites, seul un coin en bois datant de l’ouverture sera retrouvé, ainsi qu’un relais de fortune posé par une cordée ayant tenté l’ascension quelques années auparavant. 

Un piton est planté au-dessus du surplomb.
Un coin en bois datant de l’ouverture

Les premières répétitions de la voie ont été faites en 2023 et semblent confirmer les cotations, sauf pour L2 et L3 qui semblent un peu plus faciles qu’annoncé dans le topo.

Une ambiance exceptionnelle à R9

Le topo :

Rééquipement  de « Cascade Blues »

Secteur de la Draye – Vallée d’Ailefroide, voie ouverte par Jean-Michel et Sylvain Cambon en 1992

Rééquipement: Serge Andreani, Samuel Guillaume, et Stéphane Mayeur – Octobre 2022

Matériel fourni par ONOS

C’est en rééquipant intégralement en goujons inox une grande voie créée par Jean-Michel Cambon et son fils Sylvain en 1992, « Cascades Blues  », que nous avons pris toute la mesure de cette incommensurable énergie et de la passion constructrice qui animait Jean-Michel.

Cette pensée d’Hegel, « Rien  de grand dans le monde ne s’est réalisé sans passion » résume bien le Maître du rocher. Sa passion ne fait aucun doute. « Grand » est tout aussi une évidence vu le nombre de voies créées à travers l’Oisans. Ses innombrables créations participent aussi  à  la vie économique de certaines vallées reculées et mettent en valeur certain refuges.

Un grand homme qui a marqué son époque et qui apporte encore durablement malgré sa disparition.

Alors, pour nous, c‘est avec une réelle pression que nous avons rééquipé cette voie magnifique d’Ailefroide.

Car nous nous devions d’embellir l’œuvre du Maître avec nos regards modernes, en tenant compte de l’évolution des pratiques et des exigences de sécurité, et parfois avec un regard novateur en modifiant certains passages.

C’est ce qui a été fait dans Cascades Blues : démontage de tous les anciens ancrages (cassés au marteau, parfois à la disqueuse), déplacements de certains points pour permettre des mousquetonnages aisés pour les petites tailles, rajout de points pour éviter les mauvaises chutes, déplacements de relais pour les rendre plus confortables ou assurer un meilleur visuel sur le grimpeur en tête, amélioration de la ligne de rappel (chaînes + un point de confort-sécurité), pose de broches scellées dans la traversée de la cascade afin que les ancrages résistent aux avalanches et aux chutes de pierres.

Ce fut donc un week-end d’octobre bien chargé. Il a fallu garder la motivation sous la bruine bien froide du samedi (4 degrés au pied de la paroi trempée au petit matin), et se faire violence pour le lendemain, mais le soleil fut au rendez-vous.

Vue imprenable sur le Pelvoux

Avec toujours ces désespérants compagnons, en l’occurrence ces gros sacs de matériel ( batteries, ancrages, disqueuses, pistolet à colle, quelques gourmandises, eau, vêtements chauds, pharmacie d’urgence, etc…) hissés sur 250 m, avec quelques astuces de sioux pour les passages en téléphérique afin de gérer les traversées des deux cascades.

Astuce de sioux

Bref, un chantier bien énergivore demandant également beaucoup de réflexions  et d’analyse des obstacles  afin de développer des stratégies  efficaces pour économiser l’énergie mentale et musculaire.

La prochaine fois, on s’organisera pour monter deux équipes de trois équipeurs et deux perforateurs afin d’éviter ou réduire les hissages !

Avis aux motivé.e.s !

Avec une légère impression d’avoir (re)créé une voie à part entière.

Mais cette légère impression fut très vite balayée car nous n’oublions pas que nous n’avons que suivi le chemin éclairé d’un artiste et que nous n’avons que rénové ses goujons-jalons afin de magnifier son œuvre !

Le rééquipement de cette ligne magnifique  fait résonner cette pensée de Bernard de Chartres : « Nous sommes comme des nains assis sur des épaules de géants.

Si nous voyons davantage  de choses et plus loin qu’eux, ce n’est pas à cause de la perspicacité de notre vue, ni de notre grandeur, c’est parce que nous sommes élevés par eux » Il n’y a pas de doute, Jean-Michel était un géant et un génie créateur visionnaire !

On espère que les cordées se régaleront et que Jean-Michel, du haut de ses montagnes, sera satisfait, et que son fils, Sylvain, appréciera également ce renouveau lors d’un nouveau parcours !

Serge, Sam, et Stéphane

Rééquipements à Ailefroide

Snoopy directe, A tire d’Ailefroide, Tueur de boucs, L’amour dure 3 ans, Amis de trente ans, Bouchées à la reine

Rééquipement: Lara Loss et Nicolas de Barbarin, juillet et août 2022

Matériel fourni par ONOS

A l’occasion de vacances à Ailefroide en cet été 2022, et du parcours de quelques voies bien sympa dans différents secteurs, nous avons pu effectuer quelques maintenances et reconnaissances.

Pour la Snoopy Directe, A tire d’Ailefroide, Tueur de Boucs, nous avons pu remplacer quelques points qui étaient endommagés et resserrer ceux qui en avaient besoin.

Pour l’Amour dure 3 ans, Amis de trente ans et les Bouchées à la reine, nous avons pu parcourir les voies et corriger les infos imprécises dont disposait l’asso. Comme beaucoup d’informations sur l’état des rééquipements de Jean-Michel Cambon déjà réalisés ou à faire sont parcellaires, il est important de faire ce type reconnaissance. Un retour quotidien à la compagnie des guides d’Ailefroide a également été fait, afin de tenir à jour leur registre et leurs alertes.

Un grand merci à toute la communauté d’Ailefroide qui a joué le jeu de communiquer avec nous en live sur les voies qu’ils venaient de faire et nous signalait ce qui n’allait pas quotidiennement, ayant vite compris qu’on s’attelait à cette tâche.
L’esprit du lieu y était.
Un grand merci à mon partenaire Nicolas De Barbarin, sa famille et nos chers amis.

Rééquipement  de « L’appel du bistrot »

Secteur de l’Ecaille à la Tête Colombe, voie ouverte par Daniel Grimal et Stef Duga en 1988

Rééquipement: Olivier Giroud septembre 2022

Matériel fourni par ONOS

La voie « L’appel du bistrot », secteur de l’Ecaille de Tête Colombe dans les Cerces, a été ré-équipée intégralement en trois jours par Olivier Giroud, d’abord seul en deux jours jusqu’à R5, puis avec Gwenn un ami BE, pour finir les deux dernières longueurs.

Au final c’est un bel ensemble, soutenu dans le 6c obligatoire, pour du gros 7a+ enchaîné. C’est un projet pour des grimpeurs de 7, dans la continuité de la voie JMC de l’Ecaille «  Encore du devers » ré-équipée aussi par Olivier Giroud et qui est maintenant régulièrement parcourue.

L’équipement d’origine avec cornières maison et spits de 8mm a été remplacé par des goujons de 10mm en inox. Les rappels sont constitués des plaquettes à anneaux soudés et cordelette de liaison. 

Pour la dernière longueur, seule la version en 7a a été ré-équipée, elle est plus proche du niveau moyen de la voie et mène directement à la ligne de descente. Du coup la sortie en 6b+ est restée dans son jus, faisable, le premier point après le relais a été changé pour renforcer l’ensemble. 

Une petite précision d’Olivier : Les cotations sont des années 1988, et donc sèches! les équipeurs évoluant à l’époque dans le 8!.

Rééquipement de la « Fureur de Vivre »

(en mode: « la Fureur de spiter » :-p)

Participants : Sylvain Cambon, Guillaume Drouard, Valentin Ravier, Yves Rogez
Matériel fourni par ONOS
Rééquipement réalisé avec l’accord du Comité de pilotage de la Convention Alpinisme du Parc National des Ecrins.

Quand on recherche Fureur de Vivre sur internet, on tombe sur un film de 1955 avec le fameux James Dean mais c’est le nom qu’a choisi Jean-Michel Cambon (le cinéphile?) pour baptiser sa nouvelle voie au Pic Nord des Cavales, ouverte en 1988 avec Philippe Henry. La deuxième de cette belle face sud-ouest après Le Diable au Corps en 1987 à sa gauche.

En bon novice du rééquipement mais après une prise de contact chez ONOS, on me propose d’aider à rééquiper cette voie. Rendez-vous est pris avec Yves Rogez, Sylvain Cambon (tiens un nom familier !), et Valentin Ravier (un autre jeune grenoblois).

Lundi 8 août à 16h, nous sommes au parking de la Bérarde, on se partage le matos
“Qui porte le marteau de Jean-Mi?”
“Clé de 13, OK, clé de 17 ok” 
« Sylvain, tu prends ta clé à molette ? La tienne est plus légère”

Le plus lourd, perceuse, batteries, mèches, goujons et plaquettes ayant été héliportés auparavant lors du dernier ravitaillement du refuge du Châtelleret. Et donc deux heures plus tard, sans trop d’efforts, nous voici en train de faire connaissance et de siroter une bière au refuge du Chatelleret, ça parle logistique et stratégie de rééquipement.

Petit aparté :
Seulement 5 sorties rentrées depuis 2004 sur le « fameux » CampToCamp, ça donne une idée de la fréquentation de la voie.
“Le pas de 6b est bien obligatoire, très technique, avec relais improtégeable (en tout cas depuis là où nous l’avions installé), et le 1er point est donc 5m au-dessus du relais, et se caractérise par un spit rouillé de 8 qui sort d’1 cm. Pas certains du tout qu’il retienne une chute. Au-dessus, le 6b continue sans interruption avec au bout de 3m un piton symbolique qui peut aléatoirement servir d’aide en A0 (il sort de 5 cm et plie bien… mais bon dans le piton, tout est bon…)
On s’arrêtera là [R2] pour cette fois, mais ce n’est que partie remise.« 
Voie réalisée il y a une quinzaine d’années, je confirme que coinceurs et cams sont indispensables si on veut grimper serein.”

Bref que des commentaires encourageants pour faire cette voie !

Hé oui il va bien falloir que quelqu’un se colle à grimper en tête, armés de quelques coinceurs, pour assurer les seconds qui rééquipent. Et justement autour de cette fameuse bière j’ai l’honneur d’être désigné à cette tâche.

Mardi 9 août, réveil à 5h, approche en basket, le névé ayant complètement disparu à cette date en cette année de canicule… On file direct au relais de la première longueur (1 friend 0.75 et un vieux spit de 8), au pied de la longueur en 6b. Yves et Valentin arrivent rapidement pour équiper un nouveau relais, les deux premiers points de ce rééquipement. On rajoute un point de renvoi avant de se lancer dans la fameuse L2. On n’oublie pas d’ajouter une goutte de  frein filet (i.e. Loctite243) pour éviter que les écrous inox ne se desserrent.

La L2 donc, tant redoutée, se présente en un dièdre couché lisse avec une fine fissure bouchée, et une sortie par un léger surplomb. Il y a en effet, un spit de 8 “mobile”, un piton qui bouge et un autre spit plus éloigné sur les six premiers mètres qui sont bien délicats et techniques à froid. On remplacera le vieux piton (ce qui ajoute une petite prise dans la fissure bouchée d’ailleurs !) et un point supplémentaire dans le pas qui suit. Ça passera en A0 pour les suivants. La suite de la longueur est plus prisue et plus facile.
Notre organisation se met alors en place: Yves au perfo, Valentin à la pose des points et Sylvain au retrait des anciens points et à la purge des quelques cailloux branlants (sa spécialité !), et moi en tête.
“Et elle-est où la Loctite ?”
“Ah merde c’est moi qui l’ai dans la poche”
“Ah tu as la bonne clé ? La mienne est un peu foirée”
“Si je prends un marteau, vous n’en aurez pas besoin ?”
Voilà le genre de discussion que l’on aura au cours de cette journée, notre organisation se bonifiant au fil des longueurs. Et rassurez-vous tous les points auront été bien serrés et verrouillés avec du frein filet.
Une très belle L6 avec un surplomb un peu plus athlétique que le reste de la voie, et un beau dièdre en fissure qui part vers la gauche, originellement équipé uniquement sur pitons, avec un relai un peu inconfortable mais qui permet de voir son second et de prendre une belle photo.
L7 facile mais assez engagée, on rajoute un point. “Yves, on a plus de points ! C’est dommage, et il nous reste plein de batterie !” “Tant pis on perce et on viendra les poser demain” On pensait que le temps ou l’autonomie des batteries nous ferait défaut, mais au final on a bien avancé et on aurait pu finir la voie aujourd’hui.
Puis dans L8 : “Tu vois les points toi ? Moi non… Bon ça doit traverser là mais quand même j’ai l’impression qu’il n’y a aucun point !”. Mais si ! Les 3 points, bien éloignés, étaient bien là, légèrement cachés dans les creux de cette belle traversée dalleuse. De même quelques points rajoutés dans cette longueur bien expo, mais qui restera “ambiance”.

Arrivé à R9 on descend rapidement en rappel via Action Directe. Le temps de mettre à l’abri le matos et de filer au refuge, on arrive pile à 19h30 pour la soupe et juste avant la pluie (enfin pas pour les deux sages qui auront un peu plus traînés à la descente). Une belle et grosse première journée, j’aurais même eu le droit à mes deux figolus comme le veut la tradition Cambon (un festin, en somme !).

Mercredi 10 août, réveil 4h30, on veut avoir le temps de tout finir. Au programme :
– rééquipement de la première longueur de la Fureur de Vivre
– équipement d’une nouvelle L1 pour la Fureur de Vivre, tout à droite de la paroi, pour un accès direct à L2 et permettant d’éviter le névé en début de saison. Longueur repérée la veille par Sylvain.
– ajout des derniers points dans les dernières longueurs de la Fureur de Vivre, percés la veille
– remplacement des derniers points de 8 restants dans le Diable au Corps
– en bonus : rééquipement de la L3 originel du Diable au Corps en 6b et A0 sous les toits.

Les deux premiers items sont rapidement réalisés, Sylvain et Valentin partent dans la fureur, avec quelques points pour frapper les goujons manquants dans les dernières longueurs. Yves et moi partons dans le Diable au Corps en réversible. C’est là qu’on se rend compte que ce n’est pas facile de grimper avec tout ce barda, même en second, heureusement que c’est principalement de la dalle !

On se retrouve au sommet vers 13h30 pour entamer les rappels d’Action Directe et leur rééquipement tous ensemble.

“Mais au fait, elle est où cette clé à molette ?”
A force d’abnégation Sylvain arrive à retirer les maillons pour les mettre sur les nouvelles plaquettes. Bref on finit relativement tôt, je me dis qu’on sera tranquilou en fin d’aprem à la Bérarde pour une bière en terrasse au soleil. Que nenni ! Le dernier item de notre liste sera assez fastidieux. Tester la L3 de Diable au Corps en artif ou semi-libre puis la rééquiper par le haut, sera plus long qu’imaginé. Peut-être bien 2 bonnes heures pour cette seule longueur ! Pour la première en tête c’est Sylvain qui s’y colle, (faut dire qu’il s’y connait en artif), j’essaie en second en libre mais ça me parait vachement dur, un bon pas de 6c je dirais pour la première traversée et après l’artif, un bon pas en dalle en pur adhérence du même acabit (à moins que ce ne soit la fatigue accumulée des deux jours on ne sait pas trop, car pour Sylvain le chamois des dalles, le second pas n’est pas plus que 6b, bref avis aux répétiteurs !). Yves se transforme ensuite en cordiste professionnel pour changer du haut les points sous le surplomb, je le rejoins et c’est en effet assez sport. On ajoutera 1 point dans la traversée pour donner envie de tenter le libre, 1 point pour faciliter l’artif du toit, et 1 point dans la dalle de sortie pour réduire un peu l’exposition.

Et dire que tout cela avait été ouvert au tamponnoir, soit environ 5 minutes pour percer chaque point, en équilibre sur ses mollets ou sur un simple crochet goutte d’eau, cela force le respect !

Enfin, pour finir, quelques points à changer dans la L1 commune aux trois voies. Au pied de la voie vers 18h30, le bassin meurtri par le baudrier et les mains abîmées, éraflées en retirant les vieux points (y parait qu’il y a une technique spéciale). Puis 21h à la voiture, avec un retour sous la pluie. Adieu l’idée de prendre une bière au soleil et puis elle pourrait être fatale sur les routes sinueuses du Vénéon, et l’envie de retrouver au plus vite son lit après cette journée de 16 heures se fait finalement plus pressante. (NB: pour la prochaine fois, prévoir une excuse pour ne pas rééquiper une longueur supplémentaire d’artif).

Finalement le rééquipement c’est pas sorcier, il faut surtout être motivé, et j’espère que ce récit vous donnera envie d’y participer. Bref n’hésitez pas à mettre la main à la pâte, faites votre adhésion chez ONOS et prenez contact, il y a plein de projets de rééquipement. Et puis on attend vos retours sur La Fureur.
PS : la clé à molette était dans le coffre de Sylvain !

Voilà il y a de quoi rentabiliser un bon séjour du côté du Châtelleret avec ces trois magnifiques voies au Pic Nord des Cavales fraîchement rééquipées.

Sylvain Cambon, Valentin Ravier et Yves Rogez pour le rééquipement, avec Guillaume Drouard pour le récit.

Rééquipement partiel de : « Purée d’Astragale »

Participants : Alain Bengaouer, Serge Ravel ; Yves Rogez

Matériel fourni par ONOS

Rééquipement réalisé avec l’accord du Comité de pilotage de la Convention Alpinisme du Parc National des Ecrins.

En cette fin août, une équipe dotée de capacités certes limitées mais armée d’une volonté en acier (mais pas en Inox quand même), constituée de deux vieux grimpeurs (dont un largement atteint par la limite d’âge) et d’un « presque jeune » encore plein d’avenir, monte au refuge du Sélé en vue de rééquiper la voie difficile «Purée d’astragale».  Les 100 points prévus pour l’opération sont déjà au refuge puisque montés l’an dernier lors du rééquipement de «Attaque à main armée » ce qui rend les sacs plus supportables.

Le 28 Août, nous cherchons le départ de la voie entre « Jour de colère » (rééquipée en 2019) et « Unchi Maka » (pas de point dans la première longueur…). Après un moment, Yves avise un spit de 8 mm à environ 8 m du sol. Notre niveau ne permettant pas d’atteindre ce point sans chute potentiellement dramatique, Serge part en direction du point avec la perceuse et place deux points et un Friend avant d’atteindre le spit puis de poursuivre la longueur initialement cotée 5c. Par la suite un point sera encore ajouté au niveau d’un vieux piton et les vieux spits seront remplacés par des goujons inox de 10 mm avec une goutte de Frein Filet délicatement déposée sur le filetage pour éviter le dévissage potentiel de la plaquette. Nous coterons cette première longueur de presque 50 m, 6a+. La suite de la voie est plus simple car L2, L3 et L4 ne dépassent pas le 6a et l’équipement vieillissant est bien placé. Nous remplaçons tous les vieux points et ajoutons un point de renvoi au-dessus du relais si nécessaire. L5 est la longueur la plus dure de la voie (cotée 7a+ avec un point d’aide par Fred Roulx en 2008). L’équipement est abondant mais hétéroclite et pas optimal pour du libre. Après l’ascension de cette longueur en artifant pas mal, les points sont changés et leur placement légèrement modifié. Un point est ajouté à la sortie dans le dièdre déversant où un pas proche de 6c nous semblait obligatoire.  Cette longueur se parcourt maintenant bien en libre si on a le niveau ou en 6b/A0. Le soir tombant et la fraicheur nous envahissant nous rentrons au refuge ou Elsa (l’aide gardienne) nous attend avec force bières et victuailles roboratives, le tout accompagné de son sourire et de ses histoires de randonnées à cheval.

Le lendemain, après la réchauffante approche désormais uniquement caillouteuse, nous remontons les 5 premières longueurs, puis attaquons la suite munis de la perceuse, deux batteries, et 30 points. L6 présentant un 6b un peu violent au départ, un point est ajouté, la suite est plus facile mais nécessite l’emploi des coinceurs. Les vieux points sont changés ainsi que les relais. L7 est plus corsée mais splendide et avec une grande ambiance au-dessus des toits. 3 points sont posés en plus : un au départ (renvoi), un dans la dalle à petites prise à la sortie de la fissure et un autre à la fin de la traversée (un pas dur en dalle). Les vieux points sont changés. La cotation proposée est 6b+. L8 démarre par une petite dalle et une fissure qui se protège bien. Un point est ajouté à la fin de la fissure, et autre vers la sortie pour indiquer l’itinéraire. Nous sommes alors au pied du dernier ressaut et ses fissures terribles mais il est tard et nous redescendons avec le sentiment du devoir presque accompli. Retour au refuge vers 21h bien fatigués. Accueil très chaleureux de Sophie la gardienne et Elsa dans ce refuge désert en cette fin de saison.

Au total, nous avons posés 41 points inox (avec Frein Filet) le premier jour et 27 le deuxième (points dans les longueurs et relais), soit 68 points. Il reste donc au refuge 32 points. Les vieux spits et pitons ont été redescendus.

Cette première partie de la voie est très belle, variée, soutenue et exigeante à partir de L5. Les coinceurs sont nécessaires (Camalots C4 de 0.5 à 3 et 4 certainement pour le haut de la voie). Le rééquipement des 5 dernières longueurs reste à faire et les bonnes volontés sont bienvenues (grimpeurs aguerris appréciant la marche et prêts à engager un peu…).

Rééquipement de voies au Soreiller du 1er au 3 Août 2022

Participants : Alain Bengaouer, Serge Ravel ; Yves Rogez

Matériel fourni par ONOS

Une équipe bien motivée …

Du 1er au 3 Août une équipe motivée est montée au refuge du Soreiller pour revoir l’équipement de quelques voies pour lesquelles des remarques sur l’équipement avaient été notées.

1er Août 2022 : Clochetons Gunneng, 3108 m- Face Est : Voie «Cécile vous plait »

Nous avons eu quelques difficultés à trouver le départ de la voie à cause de la fonte importante des névés au départ. Nous n’avons pas repéré le premier point qui était très haut. En se décalant 30 m à droite du vrai départ, nous avons aperçu des points qui indiquent une traversée de droite à gauche et qui permet de rejoindre le premier relais. Deux points ont ensuite été ajoutés au départ véritable (à l’aplomb du premier relais).  La suite de la voie est assez bien équipée même si parfois ils sont un peu espacés. Les points existants étaient en bon état. Nous avons ajouté quelques points pour indiquer l’itinéraire ou limiter l’engagement, ainsi que des points de renvoi.  Nous avons également remplacé le R2. Le schéma ci-dessous indique les points et les relais changés. Au total, 10 points inox ont été placés. A L4 nous sommes passés par le 5a (plutôt 5c+ à notre avis). Nous n’avons pas revu le 6a de la variante.

Cette voie est une très belle alternative à la Dibona avec une vue imprenable sur le sommet de la belle. Le rocher est excellent et l’escalade est très plaisante.

 

 2 Août 2022 : Tours du Soreiller : Voie  « Mazurka »

Au pied de ces tours, les névés ont beaucoup fondu, dégageant des dalles lisses souvent couchées mais se redressant vers la fin ce qui rend difficile l’accès aux premiers points. Pour Mazurka, 3 points ont été ajoutés dans L1.  Dans la suite de la voie quelques points ont été changés (rouillés ou goujons de 8 mm). Ensuite 6 points ont été ajoutés pour diminuer l’engagement ou faire des renvois au-dessus du relais. Un dernier relais de rappel a été placé 5 m au-dessous du dernier relais pour limiter le risque de coincement à la descente. Au total, 13 points ont été placés dans cet itinéraire.

Cette voie est maintenant bien accessible aux grimpeurs d’un niveau 6a avec un peu de marge pour être serein au-dessus des points. Les coinceurs ne sont pas nécessaires mais quelques friends (C0.5 à C2) peuvent limiter l’engagement si on est un peu juste. Globalement c’est une très belle voie homogène dans sa difficulté avec les 3 dernières longueurs dans un rocher rouge fantastique.

 

3 Août 2022 : Tours du Soreiller : Voie « La polka (du pilier voltigeur) »

Pour cette voie, le névé presque entièrement fondu a laissé place à des dalles lisses non équipées, pas si faciles et encombrées de cailloux et graviers. Ce jour, le R0 se trouvait à près de 40m du départ. Nous avons donc équipé une longueur facile qui permet d’accéder au R0 sans passer par la neige.  Des dalles très couchées au départ (1 point indicatif puis un autre plus haut) puis une partie plus redressée (4c/5a, 2 points) et une traversée vers l’ancien R0. Dans la voie, comme pour Mazurka, nous avons ajouté quelques points car l’engagement était important (ajout de 1 à 2 points par longueur sauf dans les longueurs du haut). Néanmoins, l’esprit de l’ouverture a été respecté, en clair, il y a encore un engagement certain… Le passage en 6b est quant à lui très équipé. Au total, 18 points ont été placés. Les coinceurs sont facultatifs mais on peut prendre quelques friends (C0.5 à 2) pour plus de confort.

Encore une très belle voie avec un final ébouriffant signée Cambon, Chapoutot, Ghesquiers.

 

En conclusion, un beau séjour dans ce cirque magnifique avec un accueil très chaleureux des gardiennes du refuge qui, malgré la foule de ce début Aout, nous ont particulièrement chouchoutés.