Rééquipement de Purée d’Astragale

Le rééquipement de cette voie majeure de la face ouest de Sialouze avait démarré en 2022 avec Serge, Yves et Alain, il est maintenant terminé grâce à Etienne, Amaury et Harold.

Quelques photos du rééquipement et le récit d’Harold Bruce.

La face, un peu moins de 400 metres d’escalade sur un très beau granite, à toutes formes, à la fois très adhérent et très «croustillant » par endroit! Elle vous attend!

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En ce 2 Août 2023, nous sommes 3 membres de l’association ONOS (Etienne, Amaury et Harold) à monter au refuge du Sélé dans l’optique de pouvoir terminer le rééquipement de la voie « Purée d’astragale » à l’Aiguille de Sialouze.
Une bonne partie de la tâche ayant déjà été accomplie par une équipe de 3 (Serge, Yves et Alain) l’été dernier, la jeune équipe moins expérimentée mais toute aussi « munie d’une volonté d’acier » a pour objectif de rééquiper les 5 dernières longueurs du haut, réputées pour ses passages peu protégés et engagés sur l’équipement datant de l’ouverture (1986).
L’idée étant de changer tous les vieux points et relais en place par des goujons de 10mm, et de potentiellement rajouter des points aux endroits « expo » ou trop engagés. Nous souhaitions tout de même garder une part de l’engagement initial, ce qui faisait partie de la réputation de la voie, avec l’accord de Serge Ravel, un des deux ouvreurs.
La marche d’approche débute à la frontale et se termine au lever du jour. Arrivé à la brèche de Sialouze, une légère brume dévoile la splendide face. Au pied de L1 la décision est vite prise : Amaury (sortant d’un bel enchaînement de voies des Ecrins et en pleine forme) a pour mission d’avaler les longueurs rééquipées du bas pour que l’équipe s’accorde le plus de temps possible pour celles du haut. Malgré les quelques coincements de sacs à patates et le temps perdu avec les hissages laborieux, tout se déroule bien : bonne humeur, beau temps et belle escalade sont au rendez-vous !
Vers 14h débute le rééquipement : les leaders changent (Étienne part en tête, Harold place les premiers goujons, Amaury enlève les vieux spits) et le « perfo » commence à résonner dans le vallon du Sélé. Ça commence par la L9, une courte et belle longueur technique qui était déjà bien équipée, donc pas d’ajout de points nécessaire. Tous les vieux spits sont enlevés et remplacés par des goujons de 10mm.
On arrive au pied de L10, la longueur en laminoir. Pour les prochains, il vous faudra un friend (#1 – béton !) pour compléter le relais. Étienne se réjouit d’y aller en tête étant bon amateur de renfougne ! Une partie de la renfougne reste engagée mais l‘on peut toutefois placer un #4 au fond, n’oubliez pas que vous êtes le coinceur ! À celui ou celle qui souhaite prendre la sortie plus « daubante » (et protégeable !) en 6b/c, un point a été rajouté au niveau du rétablissement.
La dernière longueur « difficile » de la voie est un magnifique « dièdre déversant » de 20m pour ensuite passer dans une cheminée plus facile : un bon 6b+ d’un J.M. Cambon et S. Ravel en pleine forme !
C’est au tour d’Harold qui avait gravi la voie avec son ami « Jazza » (et surmonté sa blessure –l’astragale !) l’année avant le rééquipement de la voie, de partir en tête. L’ayant faite avant le rééquipement, il était certain que le relais se faisait en bout de corde dans une petite niche. Autant vous dire que lui et son compagnon de cordée avaient fait une variante de sortie !
Il ne faut pas aller jusqu’à la niche, le relais se trouve à droite de la cheminée. 2 points et un piton ont été remplacés et un autre point rajouté au niveau d’un passage dur. 1 heure de manips et de recherches d’itinéraires plus tard, Harold s’élance à nouveau dans la L12, au niveau du bon relais cette fois-ci : Une traversée gazeuse sur la droite mais facile, pour ensuite basculer dans une fissure/dièdre bien protégeable (#4 optionnel). Une belle et grande longueur ! 1 point changé, 1 point ajouté.
Pour la L13 dernière longueur, le départ protégeable mais délicat et juste au-dessus du relais nous font rajouter un point. La suite se déroule sur les rampes à droite, pour rejoindre le fil du pilier et le relais de rappel. Cela fait une grande longueur de 50m et il est peut-être conseillé de faire relais sur un becquet dans la traversée pour éviter tirage ou toute forme de malentendu…
Il est 20H00 quand nous entamons la descente en rappel. Amaury s’y colle et saute littéralement d’un rappel à l’autre. 1h plus tard la cordée est de retour au « plancher des vaches ». Mais nous n’étions pas encore complètement sortis d’affaires. Une petite pluie de pierres venant du contrefort pourri de Sialouze sur la descente du glacier annonce le mauvais temps. Il vaut mieux garder le casque pour un petit moment encore ! Pluie et rafales nous accompagnent jusqu’au refuge, où nous sommes accueillis chaleureusement par Sophie, la gardienne qui nous offre nourriture à volonté !


Le rééquipement de la « Purée d’astragale » est désormais terminé. La voie reste une voie typée « montagne » (coinceurs indispensables et équipement pas rapproché) et a conservé une part de son engagement initial (surtout dans les longueurs du haut). Mieux équipée avec des points plus fiables, elle devrait maintenant avoir beaucoup plus de passages. C’est une des voies mythiques pour tout amateur de voie rocheuse en haute montagne. Elle reste un objectif sérieux. À vous de jouer !
Merci aux gardiens du refuge pour le superbe accueil, à la cordée Amaury et Etienne, aux amis dans la voie d’à côté pour le coup de boost moral, le spit de leur voie et de l’eau à la sortie de L11, à Jazza… et aux ouvreurs originaux pour ce très bel itinéraire.

Merci de nous avoir fait confiance dans notre façon de procéder au rééquipement. Au final c’est un beau travail effectué par 2 cordées, de 2 générations différentes !

Et un grand merci aux donateurs et adhérents de ONOS.

Ré-équipement du Soleil des Mourants aux Rochers de l’Homme

Jean-Michel Cambon, 2001
Rééquipement 2023 :  A. Bengaouer, J. C. Dimanche, D. Maillet, S. Ravel, Y. Rogez, E. Urbain

Suite à un éboulement en 2006, le haut de L4 avait disparu, les plaquettes emportées avec le rocher. Le relais R4 était inaccessible, l’itinéraire étant subitement dépourvu de protections, et passant par une zone très délitée. En 2021 (15 ans après !), Serge et Alain sont montés pour « réparer » la longueur écroulée, ajoutant les points nécessaires pour franchir la dizaine de mètres et nettoyant la zone.

Ce faisant, ils remarquèrent l’état de corrosion de certains points, devenus peu discernables sur le rocher ocre et peut-être affaiblis. Il semblait donc pertinent de revenir pour effectuer un rééquipement plus complet.

Deux nouveaux compères, Jean-Christophe et Dominique, se sont joints à l’équipe et ont re-parcouru la voie à l’automne 2022 pour faire un état des lieux général. L’équipement est bien placé, mais effectivement de nombreux points méritent d’être remplacés.

Le rééquipement complet a ensuite été effectué en 4 séances : d’abord les 4 longueurs du bas, puis les longueurs du haut, en installant des cordes fixes qui ont permis de gagner du temps pour la suite. Les longueurs les plus éloignées, celles du milieu de la voie ont été rééquipées en dernier au printemps 2023. Une dernière séance est à prévoir pour finaliser le nettoyage de la voie.

Quelques belles journées agréables au Soleil, même en hiver, dans ce cadre à la fois proche et sauvage du Rocher de l’Homme. En espérant que cette belle voie fera à nouveau le plaisir des grimpeurs !

Stage Héritage Ouvreurs en Oisans, une collaboration ONOS / Comité Isère FFCAM

Stage héritage ouvreurs au Chatelleret, 16/17/18 juin 2023
par Bertrand Salingue CD Isère FFCAM

La météo avait décidé que le premier week-end de beau temps de juin concorderait avec le stage héritage ouvreurs organisé par le comité Isère FFCAM en collaboration avec l’association Oisans Nouveau, Oisans Sauvage (ONOS). Cela a permis de rentabiliser le déplacement de 4 stagiaires, d’un guide et du représentant du comité Isère FFCAM. Le bilan du stage est plus que positif puisqu’une voie a totalement été rééquipée ainsi que 4 longueurs d’une autre. Les stagiaires ont tous bien intégré les bases de l’équipement et sont désormais aptes (et motivés) à manier le perfo. Le 18 juin à 14h00, après un dernier coup de disqueuse, s’achevait un projet fruit d’une longue collaboration entre les acteurs de la montagne.

Première étape : la préparation du projet

Le temps où tout un chacun pouvait percer allégrement tout roche sans concertation est révolu, le temps où on interdisait toute pose de nouveau spit aussi. Désormais, en Isère et en particulier dans le parc national des Ecrins, l’équipement et le rééquipement suivent une procédure bien maîtrisée par les acteurs. Le comité Isère des clubs alpins et de montagne a décidé, en 2023, de s’investir dans l’entretien des voies d’escalade que tant de licenciés parcourent à longueur d’année. Il s’agit de contribuer à l’entretien de notre terrain de jeu et de ne plus être des simples profiteurs du travail acharné des autres.

Les objectifs affichés étaient :

  • Rééquiper une voie d’un niveau accessible au plus grand nombre
  • Former un groupe de bénévoles à l’équipement
  • Motiver ces bénévoles à s’investir dans l’entretien des voies et donc commencer à former une communauté de volontaire au sein du réseau FFCAM prêt à s’investir dans l’entretien des voies d’escalade.

Un premier contact a été pris avec l’association Oisans Nouveau, Oisans Sauvage (ONOS) afin d’être aiguillé vers une voie nécessitant un rééquipement et correspondant aux critères susmentionnés. Avec ONOS, il a été décidé que les voies « Blanche dalle pour les gnomes » (D-, 5a, 450m) et « Ballet sur une dalle rose » (D+, 6a, 160m) méritaient un rééquipement. En effet, elles s’adressent à des grimpeurs modestes mais l’espacement entre les points ne permettait pas à un grimpeur de 5+/6a de s’y engage. Par ailleurs, l’équipement était vieillissant. Enfin, la proximité de ces itinéraires avec le refuge du Chatelleret leur confère le statut de voies idéales pour l’initiation aux grandes voies montagne.

Après une campagne de communication, 4 stagiaires ont été recrutés pour participer au week-end héritage ouvreurs. Tous avaient une solide expérience montagne ou un niveau d’escalade bien au-dessus du minimum requis. Une rencontre a été organisée entre tous les acteurs la semaine précédant le stage afin de régler les derniers détails.

Deuxième étape : le rééquipement

Le vendredi, nous nous sommes retrouvés à 9h à la Bérarde et avons commencé à grimper « Blanche dalle pour les gnomes » à 12h00 après la préparation du matériel.

Seules 5 longueurs ont été rééquipées faute de temps et surtout à cause de la cascade infranchissable après L5.

Constatant l’impossibilité d’équiper la fin de la voie, nous nous sommes attaqués à « Ballet sur une dalle rose » le samedi après une nuit au refuge du Chatelleret.

Le gros du travail était fait mais il restait deux longueurs à équiper et 4 à déséquiper ce que nous avons fait dimanche.

Bilan :

  • Blanche dalle pour les gnomes : 5 longueurs rééquipées avec les relais de rappel
  • Ballet sur une dalle rose : voie entièrement rééquipée (7 longueurs) avec les relais de rappel
  • 4 licenciés FFCAM formés au rééquipement et motivés pour continuer
  • Les topos C2C ont été mis à jour, les associations ONOS et Topos Cambon ont les informations pour la prochaine édition du topo

MERCI

Ce projet est une réussite collective. Merci à tous ceux qui ont contribué à ce succès :

  • Pascal Huss, à double titre : il a été notre guide pendant ces 3 jours et, en tant que bénévole à ONOS, s’est occupé d’obtenir les autorisations auprès de l’ouvreur et du parc.
  • L’association ONOS et en particulier Alain Bengaouer, Yves Roger pour leur aide et les nombreux points qu’ils nous ont donné.
  • La FFCAM pour son soutien technique et financier.
  • Le département de l’Isère qui a contribué financièrement au projet.
  • Romain, Alberto, Pierre, Gabriel, les 4 stagiaires qui ont donné 3 jours d’un superbe week-end pour se former et entretenir note patrimoine de grimpeur.
  • Le parc national des Ecrins qui a bien voulu nous autoriser à percer ce si beau granite.
  • Bruno Soleymieux qui nous a autorisé à retoucher à son œuvre d’art.
  • Le refuge du Chatelleret pour son soutien pendant le séjour et pour avoir accepté d’embarquer notre équipement à l’occasion d’un héliportage.

Ré-équipement de Panem et les Pins seaux, c’est avant tout l’histoire d’une belle rencontre

Par Corinne Tillet

Panem, Elie benbassath, Bruno Soleymieux, 2001
Rééquipement du 30 juin au 3 juillet 2023 par Corinne Tillet, Serge Ravel, Yvez Rogez et Alain Bengaouer

Tout a commencé il y a un an, au refuge de l’Alpe du Pin.

Je viens aider mon amie, Karine, gardienne du refuge. Deux grimpeurs, sirotant une petite bière, attirent mon attention. Yves et Alain ont prévu de faire les Pins Seaux le lendemain. C’est une voie Cambon, sur le Pierroux, au-dessus du refuge. Depuis quelques années, cette voie me fait très envie, mais un petit pas en 6a sur les 9 longueurs en 5C me rend frileuse. A côté, sur Panem et Circenses, une voie de Bruno Soleymieux, il y aurait mon niveau, mais l’équipement n’est plus sécure.

Qu’à cela ne tienne ! Yves et Alain me proposent de la rééquiper, si je suis de la partie.

C’est à cet instant que j’ai basculé dans l’histoire fabuleuse d’ONOS et de JM Cambon.

Pendant un an, j’ai suivi, de loin, les démarches administratives et d’autorisation pour le rééquipement des voies, mais aussi toute l’organisation de préparation. Karine nous fait profiter d’un hélitreuillage au refuge pour transporter 240 points, 1 perfo, 3 batteries et chargeur, 1 clé, 1 clé à molette, 1 disqueuse et chargeur, 2 marteaux, 4 forêts de 8 et 10. Le plan, transport du matériel à dos d’âne est abandonné. « L’hélico, c’est moins poétique mais plus simple !» nous dit Alain.

Le 30/06/2023, c’est parti pour trois jours de rééquipement.

Une nouvelle belle rencontre : Serge, en plus de conter ses aventures de grimpe avec JM Cambon, sera mon mentor de rééquipement et de cordée. Moi qui n’avais jamais percé un trou…. Il y avait du boulot !

J1 : Petite journée annoncée car le temps est capricieux. L’approche avec tout le matos sur le dos est déjà une belle mise en jambe. Mes 3 compagnons sont loin devant moi… je vois qu’il y a de l’énergie ! Nous rééquipons les 5 premières longueurs. Les goujons avec boulons à cravater sont remplacés. Nous en laissons quelques-uns pour la mémoire. Ces premières longueurs en dalles sont agréables et me permettent de prendre en main le matériel et la technique pour percer, visser, coller et expanser. Les cordées sont bien orchestrées. La première, perce et pose les points, la 2eme peaufine et enlève les anciens points avec la disqueuse. Je suis ravie.

J2 : Départ du refuge à 7h. La forme n’est pas trop là, j’abandonne mes compagnons après les deux premières longueurs. Vers 21h, je suis contente de les voir redescendre sur le chemin du refuge. Autour du bon repas prévu par Karine, ils me racontent : les 5 premières longueurs ré-équipées la veille ont été rapides. La suite était un peu plus complexe avec une recherche d’itinéraire sur un rocher plus fracturé, la vigilance était de mise avec des blocs parfois instables. Quelques rares plaquettes en inox, en excellent état, étaient en place. Ils ont ajouté des spits pour sécuriser et indiquer l’itinéraire. Au sommet, la descente s’est faite par les rappels des Pins Seaux. Ils ont rééquipé les 8 premiers rappels de la voie.

Yves nous quitte ce soir-là, il doit être à Amsterdam dans la matinée. Ils ont un agenda de ministre ces équipeurs !

J3 : Le temps est sublime, une mer de nuage rend les sommets encore plus majestueux. Le Pierroux a les couleurs de l’aube. Aujourd’hui, nous ré-équipons Les Pins Seaux, la voie de Cambon. Après toutes les histoires racontées par Serge et Alain sur JM Cambon, je suis émue et fière de participer à l’entretien d’une de ses voies. Nous ré-équipons les 2 premières longueurs. Je mélange encore le nom des outils mais d’après Alain, je maitrise de mieux en mieux le perçage. Je comprends maintenant la ténacité d’Yves, le premier soir, à trouver un disque de perceuse après que celui-ci soit HS. Casser les vieux goujons avec le marteau, c’est mission impossible pour moi ! Serge a pris ce poste, c’est effarant comme ça a l’air facile pour lui ! Nous stoppons le ré équipement sur le 2eme relais, il faudra sans doute le déplacer car mal commode à trouver à la descente. Je redescends vers le refuge de mon amie, avec une petite âme d’équipeuse.

Nous savourons une dernière mousse face à la tête des Fétoules et son glacier avant le retour à Grenoble.

Bilan de ces 3 jours :

  • Des compagnons passionnés, prêts à contacter tous les guides, et habitants de la vallée entre Grenoble et Briançon pour trouver un disque de disqueuse.
  • Le yoga et les étirements sont les armes secrètes des équipeurs
  • Un partage fabuleux : sur la grimpe dans les années 80-90, sur l’ouvrage de JM Cambon, sur le ré équipement.

Merci à tous les 3 pour cette aventure, je suis partante pour finir les Pins Seaux avec vous.

Merci à Karine d’avoir contribué à cette belle rencontre.

Surtout ne rien oublier en bas

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