Secteur de la Draye – Vallée d’Ailefroide, voie ouverte par Jean-Michel et Sylvain Cambon en 1992

Rééquipement: Serge Andreani, Samuel Guillaume, et Stéphane Mayeur – Octobre 2022

Matériel fourni par ONOS

C’est en rééquipant intégralement en goujons inox une grande voie créée par Jean-Michel Cambon et son fils Sylvain en 1992, « Cascades Blues  », que nous avons pris toute la mesure de cette incommensurable énergie et de la passion constructrice qui animait Jean-Michel.

Cette pensée d’Hegel, « Rien  de grand dans le monde ne s’est réalisé sans passion » résume bien le Maître du rocher. Sa passion ne fait aucun doute. « Grand » est tout aussi une évidence vu le nombre de voies créées à travers l’Oisans. Ses innombrables créations participent aussi  à  la vie économique de certaines vallées reculées et mettent en valeur certain refuges.

Un grand homme qui a marqué son époque et qui apporte encore durablement malgré sa disparition.

Alors, pour nous, c‘est avec une réelle pression que nous avons rééquipé cette voie magnifique d’Ailefroide.

Car nous nous devions d’embellir l’œuvre du Maître avec nos regards modernes, en tenant compte de l’évolution des pratiques et des exigences de sécurité, et parfois avec un regard novateur en modifiant certains passages.

C’est ce qui a été fait dans Cascades Blues : démontage de tous les anciens ancrages (cassés au marteau, parfois à la disqueuse), déplacements de certains points pour permettre des mousquetonnages aisés pour les petites tailles, rajout de points pour éviter les mauvaises chutes, déplacements de relais pour les rendre plus confortables ou assurer un meilleur visuel sur le grimpeur en tête, amélioration de la ligne de rappel (chaînes + un point de confort-sécurité), pose de broches scellées dans la traversée de la cascade afin que les ancrages résistent aux avalanches et aux chutes de pierres.

Ce fut donc un week-end d’octobre bien chargé. Il a fallu garder la motivation sous la bruine bien froide du samedi (4 degrés au pied de la paroi trempée au petit matin), et se faire violence pour le lendemain, mais le soleil fut au rendez-vous.

Vue imprenable sur le Pelvoux

Avec toujours ces désespérants compagnons, en l’occurrence ces gros sacs de matériel ( batteries, ancrages, disqueuses, pistolet à colle, quelques gourmandises, eau, vêtements chauds, pharmacie d’urgence, etc…) hissés sur 250 m, avec quelques astuces de sioux pour les passages en téléphérique afin de gérer les traversées des deux cascades.

Astuce de sioux

Bref, un chantier bien énergivore demandant également beaucoup de réflexions  et d’analyse des obstacles  afin de développer des stratégies  efficaces pour économiser l’énergie mentale et musculaire.

La prochaine fois, on s’organisera pour monter deux équipes de trois équipeurs et deux perforateurs afin d’éviter ou réduire les hissages !

Avis aux motivé.e.s !

Avec une légère impression d’avoir (re)créé une voie à part entière.

Mais cette légère impression fut très vite balayée car nous n’oublions pas que nous n’avons que suivi le chemin éclairé d’un artiste et que nous n’avons que rénové ses goujons-jalons afin de magnifier son œuvre !

Le rééquipement de cette ligne magnifique  fait résonner cette pensée de Bernard de Chartres : « Nous sommes comme des nains assis sur des épaules de géants.

Si nous voyons davantage  de choses et plus loin qu’eux, ce n’est pas à cause de la perspicacité de notre vue, ni de notre grandeur, c’est parce que nous sommes élevés par eux » Il n’y a pas de doute, Jean-Michel était un géant et un génie créateur visionnaire !

On espère que les cordées se régaleront et que Jean-Michel, du haut de ses montagnes, sera satisfait, et que son fils, Sylvain, appréciera également ce renouveau lors d’un nouveau parcours !

Serge, Sam, et Stéphane