Mercredi 6 septembre. Après avoir marché depuis le parking des étages avec beaucoup de poids, en direction de la belle Aiguille Dibona, nous nous préparâmes mentalement pour la longue journée de rééquipement qui nous attendait. Nous avions un défi dans un coin de la tête; en plus de celui de rendre la voie sécurisée et remise à neuf, nous voulions finir le boulot à la journée, c’est pourquoi être un effectif de 4 grimpeurs et de 2 grimpeuses nous permettait déjà d’avoir plus de chance de réussir le challenge. Une dépose du matériel, le même jour, au col (3170m) qui permet de rejoindre la voie nous permettra d’être plus léger le lendemain pour l’approche.

Jeudi 7 septembre 2023. Réveil à 4h au refuge du Soreiller (2719m), petit déjeuner et départ 5h dans une petite fraîcheur matinale rare en cette période de températures suffocantes même à plus de 3000m. Arrivés au col, Ludo propose d’équiper un relais pour éviter les accidents de descente (en effet, nous retrouvons régulièrement à cet endroit des relais de fortune, posés dans des endroits dangereux – chutes de pierres, rocher délité – laissés par les différentes cordées). Pancha et moi (Ludivine) équipons donc un relais de descente de 25m pour faciliter le retour des grimpeurs dans un pierrier raide, il nous servira pour le retour (nous gagnerons du temps quand il fera nuit !). Nous arrivons au premier rappel d’accès (rappels de Mussato) encore dans le noir, frontales allumés, mais le temps de nous équiper des perforateurs, des marteaux, des clès, des dégaines,… puis le temps de répartir le matériel dans les sacs de hissage, l’aube était déjà arrivée. De plus, un imprévu s’imposa; le premier rappel d’accès sur goujons se trouvait sur du rocher complètement creux et délité : le rocher où était planté le goujon fut cassé en quelques coups de main et le goujon arraché à la main. Ça craint ! Hop, Ludo pose le nouveau relais pour remplacer l’ancien, et un tout nouveau rappel est posé ! Nous avons également posée une main courante pour atteindre ce premier relais.

Ensuite, arrivés dans le couloir d’éboulis par le 3ème rappel d’accès, en amont du pied de la voie, Gaëtan et Ludo rajoutaient un dernier rappel d’une quinzaine de mètres pour arriver sur la vire au pied des différentes voies, pour éviter la d’escalade dangereuse dans les blocs mouvants et en remplacement de l’ancien rappel qui se trouvait dans le goulot.

Enfin, arrivant au pied du trésor de Rackham dont nous devions prendre soin, nous nous répartîmes en 2 cordées de 3 comme nous l’avions prévu ; devant : Ludovic, Harold et moi, ainsi nous nous occuperons des 6 dernières longueurs, le but étant de les atteindre le plus rapidement possible, pendant que derrière, Yves, Panchamaya et Gaëtan s’occuperont du rééquipement des 5 premières longueurs.

Récit de l’ascension / topo des travaux

19h45, sommet (3418m) de la première cordée ! 21h, nous attaquons la descente, de nuit, par la voie des plaques !

Le rééquipement de cette voie de 450 m de hauteur à plus de 3000m d’altitude, consistait à remplacer les goujons rouillés et également tous les goujons de 8mm et tous les spits qui ne font plus partis des normes de l’équipement de voies d’escalade, certains goujons rouillés cassaient en 2 coup de marteau d’ailleurs!

Le but était également de rajouter des goujons sur les parties exposées, tout en gardant le caractère engagé de la voie mais en enlevant le danger. Car en effet, certaines longueurs n’avaient que 4 points à leur compteur, on pouvait trouver seulement 1 ou 2 points dans les dernières longueurs faciles de sorties. Tout le travail prévu a été fait, nous avons protégé les retours vires, les pas exposés et nous avons changé un relais qui n’avait qu’un seul point.

Bilan

En tout, 75 goujons et plaquettes en inox fournis par ONOS ou en titane offerts par lappas climbing bolts ont été posés et chaque écrou de ces derniers a été remplacé par un écrou Nylstop (indesserables). Maintenant la voie se fait bel et bien sans la nécessité de poser des friends ou coinceurs, comme le voulait l’ouvreur Jean-Michel Cambon, un jeu de dégaines suffit, sans se faire peur en plus de ça ! Nous avons fini de nuit dans les rappels de descente. À notre retour au col, une précédente cordée avait déjà relié les deux points du rappel de 25m qui servait à franchir le pierrier. Ce rappel a donc plû à la clientèle du Rouget!

Nous étions fatigués sur ce long retour au refuge mais nous étions heureux de trouver un somptueux repas encore un peu chaud laissé au refuge du Soreiller par les très gentils gardiennes et gardiens. Merci encore ! 

Panchamaya s’applique à enfoncer le premier goujon de la journée.

– Goujon / plaquette / marteau inox. Dernier rappel de descente (du col) pour rejoindre le pierrier.

Tri du matériel restant.

– le lendemain du rééquipement (Gaëtan, Yves & Ludo)

Merci à vos dons et à l’achat des topos qui servent au financement de ce genre de rééquipement d’ampleur !

Ludivine PONCELET