Par Corinne Tillet
Panem, Elie benbassath, Bruno Soleymieux, 2001
Rééquipement du 30 juin au 3 juillet 2023 par Corinne Tillet, Serge Ravel, Yvez Rogez et Alain Bengaouer
Tout a commencé il y a un an, au refuge de l’Alpe du Pin.
Je viens aider mon amie, Karine, gardienne du refuge. Deux grimpeurs, sirotant une petite bière, attirent mon attention. Yves et Alain ont prévu de faire les Pins Seaux le lendemain. C’est une voie Cambon, sur le Pierroux, au-dessus du refuge. Depuis quelques années, cette voie me fait très envie, mais un petit pas en 6a sur les 9 longueurs en 5C me rend frileuse. A côté, sur Panem et Circenses, une voie de Bruno Soleymieux, il y aurait mon niveau, mais l’équipement n’est plus sécure.
Qu’à cela ne tienne ! Yves et Alain me proposent de la rééquiper, si je suis de la partie.
C’est à cet instant que j’ai basculé dans l’histoire fabuleuse d’ONOS et de JM Cambon.
Pendant un an, j’ai suivi, de loin, les démarches administratives et d’autorisation pour le rééquipement des voies, mais aussi toute l’organisation de préparation. Karine nous fait profiter d’un hélitreuillage au refuge pour transporter 240 points, 1 perfo, 3 batteries et chargeur, 1 clé, 1 clé à molette, 1 disqueuse et chargeur, 2 marteaux, 4 forêts de 8 et 10. Le plan, transport du matériel à dos d’âne est abandonné. « L’hélico, c’est moins poétique mais plus simple !» nous dit Alain.
Le 30/06/2023, c’est parti pour trois jours de rééquipement.
Une nouvelle belle rencontre : Serge, en plus de conter ses aventures de grimpe avec JM Cambon, sera mon mentor de rééquipement et de cordée. Moi qui n’avais jamais percé un trou…. Il y avait du boulot !
J1 : Petite journée annoncée car le temps est capricieux. L’approche avec tout le matos sur le dos est déjà une belle mise en jambe. Mes 3 compagnons sont loin devant moi… je vois qu’il y a de l’énergie ! Nous rééquipons les 5 premières longueurs. Les goujons avec boulons à cravater sont remplacés. Nous en laissons quelques-uns pour la mémoire. Ces premières longueurs en dalles sont agréables et me permettent de prendre en main le matériel et la technique pour percer, visser, coller et expanser. Les cordées sont bien orchestrées. La première, perce et pose les points, la 2eme peaufine et enlève les anciens points avec la disqueuse. Je suis ravie.
J2 : Départ du refuge à 7h. La forme n’est pas trop là, j’abandonne mes compagnons après les deux premières longueurs. Vers 21h, je suis contente de les voir redescendre sur le chemin du refuge. Autour du bon repas prévu par Karine, ils me racontent : les 5 premières longueurs ré-équipées la veille ont été rapides. La suite était un peu plus complexe avec une recherche d’itinéraire sur un rocher plus fracturé, la vigilance était de mise avec des blocs parfois instables. Quelques rares plaquettes en inox, en excellent état, étaient en place. Ils ont ajouté des spits pour sécuriser et indiquer l’itinéraire. Au sommet, la descente s’est faite par les rappels des Pins Seaux. Ils ont rééquipé les 8 premiers rappels de la voie.
Yves nous quitte ce soir-là, il doit être à Amsterdam dans la matinée. Ils ont un agenda de ministre ces équipeurs !
J3 : Le temps est sublime, une mer de nuage rend les sommets encore plus majestueux. Le Pierroux a les couleurs de l’aube. Aujourd’hui, nous ré-équipons Les Pins Seaux, la voie de Cambon. Après toutes les histoires racontées par Serge et Alain sur JM Cambon, je suis émue et fière de participer à l’entretien d’une de ses voies. Nous ré-équipons les 2 premières longueurs. Je mélange encore le nom des outils mais d’après Alain, je maitrise de mieux en mieux le perçage. Je comprends maintenant la ténacité d’Yves, le premier soir, à trouver un disque de perceuse après que celui-ci soit HS. Casser les vieux goujons avec le marteau, c’est mission impossible pour moi ! Serge a pris ce poste, c’est effarant comme ça a l’air facile pour lui ! Nous stoppons le ré équipement sur le 2eme relais, il faudra sans doute le déplacer car mal commode à trouver à la descente. Je redescends vers le refuge de mon amie, avec une petite âme d’équipeuse.
Nous savourons une dernière mousse face à la tête des Fétoules et son glacier avant le retour à Grenoble.
Bilan de ces 3 jours :
- Des compagnons passionnés, prêts à contacter tous les guides, et habitants de la vallée entre Grenoble et Briançon pour trouver un disque de disqueuse.
- Le yoga et les étirements sont les armes secrètes des équipeurs
- Un partage fabuleux : sur la grimpe dans les années 80-90, sur l’ouvrage de JM Cambon, sur le ré équipement.
Merci à tous les 3 pour cette aventure, je suis partante pour finir les Pins Seaux avec vous.
Merci à Karine d’avoir contribué à cette belle rencontre.
Surtout ne rien oublier en bas
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